[111] hazard il lui [?] Envie de faire le voyage dAngleterre
Le Papa Grimaud ma escroqué fort lestement une centaine
de livres de Caffè. Faut il toujours que je rencontre
des Vauriens, des Vilains ou des Voleurs!
Ma Santé nest pas des meilleurs. Ce climat mabime
et labominable vapeur du Charbon de terre penetre jusquà
la moelle de mes os. je tousse & je crache comme un vieux de soixante
& dix ans. La douceur insipide de lhyver acheve de
mopprimer pas un soupcon de vent du Nord derange le brouillard
de Londres on le mange, on le boit, on le tate depuis le Matin
jusque au Soir & toute la Nuit je me debatte
dans mes Reves contre les Anglais et lAngleterre,
moi qui ne revoit jamais quen plein jour! Ah sainte Vierge
dAtocha, de la Soledad, de Carbadonga & de los dolores .
Ah Saint Antoine tirez moi de cet atroce purgatoire, transportez moi
au pieds de vos Autels au milieu des Renoncules des Serins de Canarie
des Visitandines & de touts les agrements eclesiastiques
de Lisbonne. Mon Rhume (qui nest point eclesiastique)
mempeche de continuer & de vous donner quelques details
sur notre pitoyable Opera &c &c Je vous
fait mon compliment de Condoleance musicale sur la porte de Charon
je salue très profondement le venerable
Pere ....... & je vous prie de me croire avec un veritable attachement
mon [?]Monsieur votre très hum.ile & très aff.ué
Serviteur
WB
[112]
D.r Scholl. London 5th Febr.y 1790
Je suis plus malade qun Chien & plus triste qun Hibou.
Il est vrai que je commence a jouir dune espece de consideration
& que jai lhonneur de donner a manger et surtout a
boire à mes pieux & très honorables Parents quand
bon il me semble, mais telle est la perversité de ma composition
que je ne suis point sensible a ces jouissances & que je mennuie
a perir. Il me sera impossible de tenir longtemps a une genre de vie
aussi monotone et aussi insipide. lAbbé est parti
chargé dune commission secrette aupres de
& il est a pairer quen moins de six mois je reverrai
les bords du Tage. Les Caisses sont arrivés, mais votre M.
Pache me fait languir sans misericorde. Quand diable viendrat
il & Monsieur le Nain quand serat il degallisé. Ce sera
un morceau admirable pour le Portugal. Le fameux est toujours
dans son Chateau en Devonshire il compte pourtant bientot de
paroitre en plein Parlement & se fait faire une Voiture qui lui
coutera deux milles livres sterling. Cest un Bardache
sil en fut jamais il se pare comme une Poupée & se
fard comme une .... & vient de refuser une très belle femme
avec une dotte enorme. ..... pendant que jecris
Mons.r Pache arrive Helas lexemplaire
de Callon est horrible on vous a trompé insignement
vous accusez lAmi de Basle de juiverie. Mess.rs Dieu-scart-qui
avec leur Callot sont trois fois plus ignorant & pour le moins
aussi Hebreu que Michel on son Ame damné der Jude Levi
que Duncker vient dimmortalizér dans son singulier ouvrage.
Je nai guere vu de [113] plus vilaines epreuves
Faites vos maledictions & les miennes a ceuxs qui vous les ont
remis & gardez vous bien en futur de vous meler destampes.
Je suis très content de la Grotte de Perregaux:
Son arbre est mal dessiné & ne me plait pas du tout
vous est franc & moi aussi telle est ma manniere de juger
les Objets que vous mavez fait parvenir. Mille graces
pour les Etrennes jespere que leur Auteur ne moubliera
pas & quil me fera le plaisir de reserver un Exempl: en papier
fin de la seconde Ed: de sa course de Bienne a Basle. Adieu
mon cher Ami je vous embrasse de bien bon coeur & je ne cesserai
detre votre aff.né Ser. & ami.
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[131]
fragment dune lettre Septembre 1785
x x x x ... Moi aussi desappointé de ma racolte le coeur pauvre
& les nerfs tremblants je me traine vers le soir aux bords du
Lac & annuyé contre les murailles de la vieille Tour de
Glerolles je contemple les sombres teintes dun Ciel de Tempete
reflechi dans labisme des eaus. je vois lorage
se former dans une morne & funeste silence sur les cimes des plus
hautes montagnes leurs pics blanchis leur champs
de glace je decouvrent encore entre les nuages, mais le vent seleve
les lointains sobsurcissent a la place des glacieres
des sommets argentés je ne decouvre qun rideau
du plus fatal pourpre Ce drap mortuaire sabaisse
on ne distingue plus les rives opporés[?]
les bateaus se retirent dans leurs ports
malheur a ceuxs qui shazardent dans ces moments ou les
oiseauxs de mauvais presage voltigent dans lecume en jettant
des foibles cris .... Le Lac devient une Mer sans bornes & sans
habitants... Le Soleil expirant sillone ses vagues livides ... jentend
le son rauque & aigu des girouettes de lantique Mazure qui
seleve une defens de la plage au dessus de moi.. je vois plein
le Noyer[?]qui lombrage de ses epaisses rameaus & dont les
racines entortillés ressemblent [132] a d enormes Couleuvres
... les flots gagnent/couvrent le rivage je me retire
il me poursuivent en mugissant je les vois sepuiser
en rosée futile. je briser a mes pieds & disparaitre comme
les voeuxs & lattachement de mon indigne Ami..... x x x
x ......